Le Panthéisme Caranien

A/ Panthéisme et histoire

La tradition religieuse Caranienne repose sur des rites ancestraux que se codifièrent lors de l'arrivée de ce peuple sur le plateau hostile de l'ouest de Tyrande.
La plus manifeste influence sur la tradition Caranienne vient du polythéisme Lithran. Les Caraniens n'étant eux mêmes initialement que des colons Lithrans partis s'établir sur le plateau , ils amenèrent avec eux une partie de leurs croyances culturelles qui teintèrent dès le départ la tradition Caranienne en formation.

1/ Le panthéisme Caranien dans ses principes

Le panthéisme professe que les différents éléments divins de la Création ne doivent pas être hiérarchisés entre eux. Sans rejeter le concept de divinités, les panthéistes l'appliquent à tout ce qui est divin quelqu'en soit la puissance et ce par opposition aux polythéistes qui n'accordent un statut divin qu'à un échantillon réduit de créatures divines identifiées comme telles.

La base du panthéisme réside donc dans la vénération égale, du moins en principe, de toutes les créatures divines pour les remercier de leur apport à la Création.
Le prêtre panthéiste se refuse à considérer que certains éléments du monde sont plus importants que d'autre en se basant sur l'évaluation individuelle du rôle de chaque créature divine.

Les prêtres panthéistes Caraniens identifient toute créature divine comme étant un esprit. Ainsi, un esprit incarne le soleil ou la lune ou bien les tempêtes de la fin de l'automne, la source à côté du village ou encore la fécondité.
Les Caraniens mêlent allégrement les esprits purement conceptuels (comme la fécondité) avec les esprits les plus locaux (celui de la source du village) sans accorder plus d'importance à l'un qu'à l'autre.

A la hiérarchisation du divin opéré par les polythéistes, les Caraniens opposent que chaque esprit est aussi vital pour eux qu'un autre. Si le soleil disparaissait, ce serait un grand malheur mais le serait ce plus que si l'esprit de la source disparaissait, privant le village d'eau ? Qu'est il préférable ? De vivre dans la nuit ou sans eau ?
L'eau de la source et le soleil contribuent au bien être de la communauté, chacun à sa manière, à son échelle. Mais les deux sont nécessaires et indispensables à l'existence.

2/ Du respect égal à la pratique

Il est nécessaire pour bien comprendre la tradition Caranienne d'accepter que la théorie de 'légalité entre créatures divines peut paraître en contradiction avec les pratiques rituelles.
En effet, à chaque cérémonie les Caraniens ne conduisent pas des rites religieux en l'honneur de tous les esprits mais uniquement pour un nombre restreint.
Il ne faut pas comprendre là que la pratique démontre l'hypocrisie religieuse Caranienne mais bien réaliser que les prêtres adressent leurs prières aux esprits appropriés en fonction du calendrier.
Il est en effet facile à comprendre l'impossibilité de rendre hommage à absolument toute la Création en un seul rituel qui se voudrait à la fois global tout en adressant des prières précises à tel ou tel esprit.
Ensuite, les Caraniens reconnaissent qu'il faut parfois conduire des cérémonies répétées en l'honneur d'un esprit précis, pour diverses raisons.

Le tout donne un aspect paradoxal à la pratique religieuse Caranienne où le prêtre mêle les hommages à des forces de la nature très impersonnelles sans s'adresser à un esprit particulier mais plutôt à une collectivité d'esprits, pour ensuite passer à des suppliques et sacrifices adressés à un esprit bien identifié ou bien passer d'une simple énumération du nom d'esprits avec un simple mot comme hommage jusqu'à la complexe cérémonie encadrées de litanies qui durera une journée et dont on a du mal à saisir à qui elle s'adresse.

Pour bien des observateurs extérieurs, ces pratiques sont désordonnées et inefficaces. Pratiquement tous les polythéistes considèrent que ce genre de vénération, si elle est très noble en théorie, disperse les énergies créées par l'adoration à travers toute la Création à la place d'être entièrement reçue par les Dieux. De même, suppliques et prières destinées à s'attirer la grâce divine sont moins propices à générer une réponse appropriée, les pratiques panthéistes ne permettent pas de s'adresser correctement aux Dieux, en les mettant notamment sur le même plan que les Devas.

3/ La prêtrise panthéistes en Caranie et le Cercle Vert

Comme dans bien d'autres cultures d'Hannoerth, la prêtrise fut initialement entièrement aux mains des quelques familles d'Elus parmi les Caraniens.
A la fois prêtres et seigneurs temporels, ces Elus formaient une caste similaire à la noblesse Arinlin de Tyrande.
Toutefois, le point de vue d'égalité du panthéisme permit d'esquiver l'élitisme qui frappe généralement les cultures polythéistes.

En effet, avec une religion enseignant que tout ce qui apporte à la Création est méritant, quelque soit l'ampleur, il apparut superflu d'accorder une place supérieure aux Elus Caraniens puisque tout le monde collaborait, à son échelle, à la Création.

Le statut du prêtre panthéiste en Caranie est fortement lié à ses relations avec sa communauté. Il est l'intermédiaire entre celle-ci et les esprits, la Création. La communauté entretien le prêtre et attend de lui qu'il guide les gens sur les voies de la tradition.
Il n'y a généralement qu'un seul prêtre par communauté car les villages Caraniens sont peu étendus (quelques maisons et fermes) et un seul prêtre suffit pour le groupe.

Le calendrier religieux Caranien oblige néanmoins occasionnellement à des réunions de plus grande ampleur. Ces réunions sot organisées par plusieurs villages et par la collaboration de plusieurs prêtres et sont identifiées sous le nom de festivals.
Ces festivals sont des cérémonies importantes pour la vie sociale et religieuse Caranienne. Tout d'abord, les festivals sont le moment où de grands rituels sont conduits. Ces rituels de festivals sont de nature souvent bien plus conceptuelle que les rites familiaux ou clanique du village.
Là aussi, il s'agit de simple pragmatisme. Là où le seul village suffit et est concerné par les suppliques adressées à l'esprit de sa source, une chose comme la fécondité touche absolument tout le monde.
Aussi, comme les Caraniens restent surtout des gens pratiques, ils décidèrent de faire de la cérémonie religieuse suivie dans tous les villages en même temps une occasion de réunir les familles de la région. Les festivals acquérirent alors leur fonction sociale en plus de la fonction religieuse en permettant aux Caraniens de rencontrer leurs voisins.

C'est peu après l'idée des festivals que les prêtres Caraniens décidèrent de partager leurs connaissances des mystères de la Création.
Ce partage est l'une des bases de la création d'un groupe religieux informel.

Au fur et à mesure de la mise en commun des connaissances panthéistes, les Caraniens s'éloignèrent toujours plus que leurs cousins Lithrans, fermement polythéistes, comme des envahisseurs Arinlin qui étaient eux aussi en marche vers le polythéisme.
Les Caraniens trouvèrent dans leurs voisins du nord, la tribu humaine des Vanirins, un écho favorable à leur panthéisme.
Bien que les Caraniens soit majoritairement sensibles aux esprits de la terre et de l'eau (vestiges de leur passé Lithran), les Caraniens du nord aux croyances plus célestes se mirent à inviter à leurs festivals les voisins Vanirins.
Les esprits stellaires des Vanirins melés aux esprits célestes du nord de la Caranie permirent une union dans les croyances religieuses assez rapide.

Ce fut alors la naissance du Cercle Vert, organisation panthéistes destinée au partage des mystère de la Création. Assemblée collégiale informelle, le Cercle Vert avait pour but le perfectionnement des rituels spirituels et la découvertes de nouvelles manières d'adorer la Création.

Après la Conquête, les Arinlins, maîtres de Caranie et ayant formé le royaume de Tyrande, arrivent plus nombreux dans la région. Ils amènent avec eux le culte de Valdiria.
Les prêtres du Cercle Vert reconnaissent dans la déesse Arinlin l'esprit de la lune qu'ils appellent Jheera. L'aspect céleste de Valdiria, couplé avec des thèmes Jhoristes sur son côté protecteur, emporte un relatif succès au nord ouest de la Caranie, endroit menacé par de nombreux ennemis à la solde de l'Ombre.
Mais le quasi monothéisme des Arinlins ne parvient pas à s'implanter durablement en Caranie.

La situation s'aggrave lorsque les Arinlins entre en guerre presque perpétuelle contre les Vanirins. Les Arinlins bloquent le passage entre Caranie et le nord, coupant le Cercle Vert en deux.

4/ La fin du Cercle Caranien

Le dernier siècle a vu l'occupation des terres claniques Vanirins de Daer Enian par les rois de Tyrande. Ceci ajouté à la surveillance dont font l'objet les Caraniens pour leurs liens religieux avec les Vanirins, a déstabilisé puis détruit l'unité du Cercle Vert.
Incapables de maintenir les festivals avec les Vanirins, les Caraniens suivent à nouveau leur propre voie.
Les prêtres panthéistes de Caranie ne font théoriquement plus partie du Cercle Vert qui ne subsiste plus que dans les terres Vanirins.

A la place, les Caraniens ont évolué vers une pratique religieuse différente. Habitués aux contacts pleins de spiritualité, les prêtres Caraniens se sont peu à peu détachés de leur communauté propre afin de parcourir la Caranie et discuter de foi.
Le principe du prêtre errant a permis la survie de la tradition Caranienne à travers le siècle mais elle a aussi fortement appauvri la force de ces prêtres. Ces derniers, coupés de leurs liens avec la communauté, avec la terre, connaissent plus d'esprits, de secrets, mais moins en détail. Ils connaissent une demi douzaine de variantes d'un rituel précis mais aucune variante n'est totalement maîtrisée.
Officiant régulièrement dans d'autres endroits, la spécificité de la tradition d'une famille, d'un village, disparaît au profit des traditions communes mais parfois inadaptées à une situation locale particulière.

Les quelques contacts avec le Cercle Vert Vanirin a démontré aux Caraniens que le retour des panthéistes Vanirins dans les festivals Caraniens ne ramènerait pas la situation précédente. Le Cercle Vert fut en effet contraint de s'engager dans la guerre contre les Arinlins et est devenu un groupe désormais considéré comme entièrement Vanirin.

B/ Cultes particuliers

1/ Les esprits communs

Ce sont les esprits dont tous les Caraniens reconnaissent l'existence et auxquels ils vouent un homme rituel.

* Jheera, esprit-miroir de la Lune, l'esprit gardien de la nuit, qui renvoie à l'homme l'image de son âme, tantôt argentée et pure, tantôt sombre et morte.

* Onorëanne, l'esprit de la Mère, qui assure à toutes les mères de la Création des enfants sains et forts.

* Edreth, la Lance du Ciel, esprit de la foudre, colérique et guerrier, seigneur de l'hiver

* Rendellis et Vendrallia, la rivière et la source, les esprits jumeaux de l'Eau

* Kemeth, l'esprit Radiant du Soleil, l'esclave d'Edreth

* Sorrod, l'esprit Cornu, le seigneur sauvage des collines et guide des morts

* Fidya, l'esprit du vent, qui domine les montagnes

2/ les esprits de la Caranie méridionale

Ils sont vénérés dans la partie sud de la Caranie, la plus exposée aux influences extérieures et celle qui fut soumise aux Arinlins depuis le plus longtemps.
Les Caraniens du sud sont ainsi plus proche du polythéisme que les autres, axant leurs pratiques religieuses sur un panthéon très large de divinités appelés les Dieux des Saisons. Ils considèrent alors que tous les esprits qui les entourent sont soumis à ces Dieux des Saisons et les servent d'une manière ou d'une autre.
A noter qu'Edreth perd son titre de seigneur de l'hiver chez ces Caraniens pour n'être que l'esprit de la foudre tandis que Sorrod perd son aspect psychopompe.

* Ahrlys, Princesse du Givre, esprit cruel et mortel de l'Hiver, gardienne des morts

* Balketh, Héraut du Renouveau, esprit du Printemps

* Sulariha, Fille de Kemeth, esprit de l'Eté

* Urodrin, le Seigneur Tigre, esprit de l'Automne

* Tamleth, l'esprit roi du Fleuve des plaines (Eté)

* Ilketh, l'esprit voleur de souffle (Hiver)

* Daorin, fils d'Urodrin, l'esprit qui amène la Vie (Hiver)

* An'Lorn, l'esprit gardien de la Porte des Morts (Automne)

* Vordurn, l'Amant de Sulahira, le Guerrier Lumineux (Eté)

* Habianne, la Chasseresse, l'esprit buveur de sang des forêts (Automne)

* Narketh, le géant du Sous-Monde (Hiver)

* Baelia, esprit de la Pluie (Printemps)

* Jynicielle, l'esprit des champs, la Mère des Dryades (Printemps)

* Kerod, l'esprit Cerf (Printemps)


3/ les esprits stellaires et célestes du nord de la Caranie

Ces esprits ont cela de particulier que leur influence et leurs rituels sont profondément liés à leur position dans le ciel. A chaque esprit correspond au moins une étoile, parfois plus et jusqu'à quinze pour Thalrod.
Là aussi, on trouve plus facilement des prêtres Caraniens allant vers un polythéisme non déclaré qui conduisent toujours les rites panthéistes mais mettent en avant les esprits qu'ils connaissent le mieux.

* Aehmnian, le Donneur, Seigneur de Lumière, père de Kemeth

* Thalrod, le Changeur, Seigneur de l'Ombre, père de Sorrod

* Nolleth, le Berceau, Seigneur de Vie, frère de Rendellis et Vendrallia

* Sharn, Dame des Orages, Reine des Montagnes

* Asketh le Hurleur, Seigneur du Vide entre les Etoiles

* Rodhran, Seigneur des Combats, père d'Edreth

* Lendrith, le Dragon-Etoile, la Constellation du Serpent

* Lairn, la Nymphe des Cieux, fille d'Aehmnian